Pour Eric Massuelle, le moyen le plus sĂ»r de contrer l’enflammement de l’angoisse et la surresponsabilisation est de retrouver son espace personnel et son pouvoir.
Imaginez que vous ĂŞtes dans un pays Ă©tranger, de nuit en hiver sur l’autoroute.
Vos enfants en bas âges sont avec vous.
Vous êtes encore loin de votre destination et pour couronner le tout, votre téléphone portable est tombé en panne.
Tout d’un coup, vous rĂ©alisez que vous n’allez peut-ĂŞtre pas avoir suffisamment d’essence pour atteindre la prochaine pompe Ă essence.
Vous commencez Ă ressentir une boule au ventre. Votre corps rĂ©agit de lui-mĂŞme, viscĂ©ralement. Il se serre. L’angoisse s’installe en mĂŞme temps qu’une tension insupportable.
Vous ĂŞtes pris entre deux rĂ©actions contradictoires. D’un cĂ´tĂ©, vous avez le rĂ©flexe incontrĂ´lĂ© d’appuyer sur l’accĂ©lĂ©rateur pour arriver plus vite et faire cesser cette peur qui vous prend aux tripes. De l’autre, votre raison et votre instinct vous disent qu’au contraire il faut ralentir pour consommer moins et avoir plus de chances d’arriver jusqu’Ă la pompe.
Pour avoir plus de chance de vous en sortir, vous devez voir l’angoisse pour ce qu’elle est : une mauvaise conseillère. Et du coup cesser de lui donner le pouvoir.
Dans ce genre de situation, il nous faut nous occuper de deux choses diffĂ©rentes : d’un cĂ´tĂ©, nous devons gĂ©rer le risque de tomber en panne d’essence et de l’autre, nous devons gĂ©rer notre angoisse.
Ce que nous vivons actuellement me fait penser Ă cette situation et ce matin je me rĂ©veille avec quelques prises de conscience et rĂ©flexions que j’ai envie de vous partager ici.
- L’enflammement de l’angoisse
Le mot PANDÉMIE est très chargĂ© d’angoisse. Il nous renvoie certainement Ă des mĂ©moires anciennes que l’humanitĂ© porte en lui.
Pourtant, qu’est-ce qui diffĂ©rencie la pandĂ©mie de Coronavirus actuelle de la saison annuelle de la grippe qui fait chaque annĂ©e 10000 morts en France et qui, sans aucun doute se propage au delĂ de nos frontières ?
Y-a-t’il une diffĂ©rence entre quelqu’un qui meurt de la grippe et quelqu’un qui meurt du Covid19 ?
Pour comprendre la diffĂ©rence, il faut considĂ©rer qu’en rĂ©alitĂ© il y a deux phĂ©nomènes qui se produisent en mĂŞme temps en ce moment. L’un est liĂ© Ă un virus. L’autre est liĂ© Ă l’activation d’une mĂ©moire traumatique gĂ©nĂ©ratrice d’angoisse.
Dans le cas de la grippe saisonnière, le virus circule mais l’activation de l’angoisse, elle, reste Ă un niveau de faible intensitĂ©.
Dans le cas du Covid19, l’angoisse s’est propagĂ©e mondialement Ă un niveau de forte intensitĂ©. Pourquoi ?
Comme facteurs ayant contribuĂ© Ă l’enflammement, il y a certainement la communication et la rĂ©action du système lui-mĂŞme (voir mon post prĂ©cĂ©dent), le nombre de morts annoncĂ©s et la manière de mourir (ne plus pouvoir respirer), la facilitĂ© de circulation des Ă©motions au travers des rĂ©seaux sociaux et la surresponsabilisation que nous vivons tous aujourd’hui.
La surresponsabilisation est une notion dont je n’entends pas parler et qui pourtant me semble essentielle pour comprendre ce qu’il se passe, je vais y revenir.
Il faut comprendre qu’un système, que ce soit notre organisme ou un système sociĂ©tal ou Ă©conomique, va rĂ©agir d’autant plus fort qu’il se sent menacĂ©. La grippe saisonnière ne menace pas notre système, elle est intĂ©grĂ©e dans le système. Le Covid19 est menaçant parce nous ne le connaissons pas encore suffisamment et qu’il peut potentiellement dĂ©passer notre capacitĂ© Ă le contenir. Cette notion de contenant est importante, que ce soit au niveau individuel ou au niveau collectif. Le plus gros risque pour notre personnalitĂ© ou pour le système, c’est celui d’ĂŞtre dĂ©passĂ© et de perdre le contrĂ´le.
Pour l’instant, les consĂ©quences liĂ©es Ă la peur et Ă l’angoisse sont certainement beaucoup plus importantes que celles liĂ©es au virus lui-mĂŞme. La peur prĂ©cipite l’Ă©conomie vers une crise dont on ne mesure pas encore l’ampleur. Les consĂ©quences pourront nous surprendre d’ailleurs avec peut ĂŞtre une Ă©volution de la sociĂ©tĂ© et des consciences vers un avenir plus radieux que celui vers lequel nous nous dirigions.
- L’angoisse est mauvaise conseillère
L’angoisse est mauvaise conseillère pour le traitement du virus. L’angoisse nĂ©cessite elle-mĂŞme d’ĂŞtre traitĂ©e et d’ĂŞtre soignĂ©e.
La meilleur manière de faire face au virus est de renforcer nos dĂ©fenses immunitaires, de dĂ©velopper notre aptitude Ă nous adapter et Ă accepter le changement, de dĂ©velopper nos capacitĂ©s de digestion et d’Ă©limination, de dĂ©velopper nos frontières, notre discernement, notre capacitĂ© Ă ne pas laisser rentrer Ă l’intĂ©rieur de nous ce que nous ne pouvons digĂ©rer.
Rien de mieux que d’ĂŞtre pleinement prĂ©sent dans l’instant prĂ©sent, pleinement prĂ©sent dans son corps, rĂ©actif, souple et ferme Ă la fois, vivant, en Ă©veil, serein, confiant, prĂŞt Ă Ă©voluer, prĂŞt Ă accepter le nouveau, le changement.
Nous devons être orienté vers nos ressources, vers ce qui nous fait du bien, ce qui nous nourrit, nous rend fort, nous rend-force.
L’angoisse, quant Ă elle, a besoin d’ĂŞtre vue pour ce qu’elle est.
L’angoisse est une mĂ©moire traumatique non rĂ©solue, rĂ©activĂ©e quand certaines conditions sont rĂ©unies.
L’angoisse est obsessionnelle.
L’angoisse tend Ă vouloir tout figer.
L’angoisse est contraction, rigidification, refus.
L’angoisse cherche Ă Ă©viter, Ă fuir le rĂ©el.
L’angoisse nous isole, nous dissocie, nous aliène.
L’angoisse se focalise sur le danger.
L’angoisse se nourrit du climat anxiogène.
L’angoisse tend Ă isoler notre pensĂ©e de notre instinct, de notre sagesse profonde.
Quand nous sommes pris par notre angoisse, nous ne cherchons pas à résoudre le problème réel mais nous cherchons à supprimer tout ce qui vient nous activer.
Le problème de l’angoisse, c’est que nous croyons que ce qui la gĂ©nère est Ă l’extĂ©rieur de nous, alors que c’est une mĂ©moire traumatique inscrite en nous.
Nous avons souvent tendance à vouloir supprimer ce qui vient activer cette mémoire ce qui peut nous mettre en conflit avec nos besoins réels.
Nous avons besoin de voir l’angoisse pour ce qu’elle est et de traiter la mĂ©moire traumatique qui y est associĂ©e.
Nous n’avons pas toujours conscience de notre angoisse.
Nous avons souvent mis en place des mĂ©canismes savants pour ne pas la ressentir. Se divertir, s’agiter, travailler Ă corps perdu, faire du sport, …
Dans le cas prĂ©sent, beaucoup de nos rĂ©actions semblent aller Ă l’inverse de nos besoins rĂ©els pour faire face au virus.
Nous pouvons nous abreuver du climat anxiogène et focaliser sur les nouvelles alarmantes au lieu de nous orienter vers nos ressources.
Nous isolons parfois les gens de leurs proches.
Nous interdisons les balades dans la nature, qui sont une de nos ressources les plus importantes et les plus guérissantes.
Nous créons des conditions de confinement qui augmentent le stress. Elles rendent, lorsque les personnes vivent dans des environnements étroits, les limites de nos espaces personnels plus flous et plus vulnérables.
Nous donnons tout pouvoir au monde politique et médicale pour nous protéger oubliant ainsi que nous sommes les premiers acteurs de notre santé.
Nous rendons, avec le confinement, le monde encore plus insĂ©curisant en crĂ©ant les conditions pour qu’un effondrement Ă©conomique puisse arriver.
Nous véhiculons la vision que nous sommes en guerre, nous amenant ainsi à croire que le vivant est contre nous.
Nous vĂ©hiculons la vision que la mort est une chose terrible qu’il faut Ă©viter Ă tout prix, au prix de notre libertĂ©, de notre libre arbitre, de nos valeurs humanistes, …
Et nous nous surresponsabilisons.
- La surresponsabilisation
Avec l’arrivĂ©e d’Internet et le dĂ©veloppement d’une conscience globalisĂ©, nous nous sommes mis Ă nous sentir de plus en plus responsables de ce qui se passait Ă l’autre bout de la planète. LĂ , oĂą avant notre responsabilitĂ© se limitait Ă nos actes, Ă notre famille, Ă notre monde visible et tangible, elle s’est maintenant Ă©tendue Ă l’ensemble de notre planète. Nous nous prĂ©occupons de ce qui se passe en Australie, en Afghanistan, Ă New-York ou mĂŞme sur Mars.
Or si nous avons la responsabilitĂ© sans le pouvoir, nous nous retrouvons dans une situation d’impuissance et de dĂ©pendance. Nous nous chargeons de responsabilitĂ©s sans avoir nĂ©cessairement les Ă©paules pour pouvoir les porter et sans avoir le pouvoir de les gĂ©rer.
Nous sommes comme des enfants qui se retrouvent avec des responsabilitĂ©s d’adultes sans avoir les ressources et les moyens de pouvoir les assumer.
Ça a pour consĂ©quence de gĂ©nĂ©rer aussi beaucoup d’angoisse. Nous nous sentons responsable du monde entier, detrĂ´nant ainsi la place de Dieu ou de la Vie.
De notre attitude, de notre comportement dĂ©pendra le sort de tous les Français, voire de toute l’humanitĂ©.
Ça a aussi pour consĂ©quence de nous couper de notre sagesse profonde pour nous mettre au service de la voix d’un système fou qui serait le seul Ă pouvoir sauver l’humanitĂ© mais qui en rĂ©alitĂ© ne cherche qu’Ă se sauver lui-mĂŞme tout en se sabordant.
Mettre des limites Ă notre hyperresponsabilisation, c’est retrouver nos espaces personnels, retrouver une responsabilitĂ© en cohĂ©rence avec nos pouvoirs rĂ©els, s’Ă´ter de nos Ă©paules un fardeau trop lourd Ă porter et retrouver de l’estime de soi-mĂŞme. Et du coup renforcer notre immunitĂ©.
C’est aussi reprendre du pouvoir personnel, de l’autonomie et en retirer tout autant Ă nos dirigeants.
Avec moins de responsabilités, nos dirigeants seront eux-mêmes plus à même de prendre des décisions justes et sages.
Ressourcez-vous bien et profitez de cette crise pour retrouver votre pouvoir personnel et une juste responsabilité.
Éric Massuelle