Renaître

 

A l’approche du déconfinement, Yannick Laval, propose de nous relier à ce qui en nous cherche à naître.

Six semaines !
Six semaines de confinement, pour beaucoup d’entre nous.
Six semaines où il nous a fallu revenir à la maison… et y rester.
Six semaines où nous avons dû changer certaines de nos habitudes et en adopter d’autres.
Six semaines où progressivement, nous avons tourné davantage notre regard et notre énergie vers notre foyer plutôt que vers le monde, vers l’intérieur plutôt que vers l’extérieur…
Six semaines où d’une certaine manière, nous nous sommes retirés du monde. Où nous nous sommes retirés d’UN monde. Un monde épuisé, aux poumons atrophiés, qui demandait grâce…
Cette grâce, la Vie nous l’a offerte. La Vie, dans son immense amour pour nous, est venue subitement nous bousculer. Je dis dans son immense amour, car la Vie nous veut grands, la Vie nous veut libres et elle désire notre plein épanouissement. C’est pourquoi elle nous a projetés hors de notre zone de confort, certes rassurante, mais tellement limitante… Dans sa grande sagesse, elle a fait s’effondrer nos repères, bousculé nos habitudes et mis à mal nos certitudes.
Que nous le voulions ou non, nous avons été embarqués dans cette aventure, forcés à ralentir ou nous immobiliser pour les uns, à sortir masqués pour les autres, à faire face à l’inconnu pour tous.
Alors bien-sûr, nous avons résisté. Bien-sûr, nous avons lutté contre l’inéluctable. Bien-sûr, nous avons douté et nous avons eu peur. Plus ou moins consciemment, plus ou moins intensément. Mais à coup sûr, la peur nous a rendu visite… compagne de nos déséquilibres inhérents à toute transformation.
Car en cette période incertaine, nos maisons sont devenues cocons, lieux de
métamorphose.
Notre foyer est devenu utérus, temple d’une gestation dont nous sommes les fruits encore tout étonnés.

Et pourtant, au terme de cette période qui semble s’achever progressivement, nous sommes bel et bien conviés à vivre une naissance.
Une renaissance même, pour chacune et chacun d’entre nous.
Oui ! Sur le point d’effectuer le passage, un nouveau-né en nous aspire à être rencontré.
Voilà pourquoi, à l’approche du déconfinement, il me paraît tellement important de nous donner la possibilité de nous relier à ce qui en nous cherche à naître.
En quoi ces semaines que nous venons de passer “à la maison” ont-elles mis en lumière certains aspects de nous-même jusqu’alors inconnus ?
Quels besoins profonds cette période a-t-elle fait émerger ?
Quels élans de changement ont fait leur apparition ?
Quelle part de nous aspire à voir le jour ?
Bien-sûr, au moment de “renaître au monde”, comment ne pas évoquer notre propre naissance et les traces qu’elle a déposée en nous ? La manière dont nous sommes arrivés sur cette terre. La manière dont nous avons été désirés et accueillis. La manière dont les parts les plus élevées et lumineuses de notre être ont été vues, reconnues et dont ce monde a su (ou non) en prendre soin, les soutenir et permettre leur déploiement…
Mais quel que soit l’accueil que l’enfant que nous avons été a reçu, je crois que nous est offerte aujourd’hui une nouvelle opportunité de vivre une naissance.

Quelle est cette étincelle de vie, pure, innocente, consciente et lumineuse qui désire
s’incarner en ce moment pour nous ?
Allons-nous laisser le poids de nos habitudes, de nos conditionnements et de nos
insécurités l’abandonner et l’éteindre ?
Ou bien allons-nous l’accueillir et la célébrer avec tout l’amour et la présence dont nous sommes capable pour qu’elle puisse ouvrir grand ses yeux, se déployer et illuminer le monde ?
Y aura-t-il vraiment un avant et un après ? Une initiation vers un royaume dont nous serons les souveraines et les souverains ?
Puissions-nous, depuis l’intimité de notre être, recevoir dans nos mains ouvertes et
chaleureuses ce qui désire naître. Renaître.
Puissions-nous incarner ce gardien du Temple qui saura préserver de tout son amour et de toute sa détermination cette vie qui émerge. En nous et à l’extérieur de nous. Dans la relation à nous-même, aux autres, au monde.
Pour cela, je nous invite à identifier concrètement quel petit pas conscient nous pouvons faire sur ce chemin que nous nommons “notre vie”, quelles actions il nous est possible de mettre en place, humblement mais courageusement, pour que cet enfant nouveau-né se sente enfin le bienvenu et qu’il puisse ainsi offrir à ce monde qu’il s’apprête à rencontrer, ce qu’il a de plus beau et de plus lumineux.
Et c’est ainsi que la Vie, dans son amour infini pour nous, nous bénira de son chant le plus doux.

Yannick Laval
www.yannicklaval.fr