Le téléphone : un outil de circonstance simple et ajusté !

 

Pour Cécile Denis, les séances par téléphone offrent plus de liberté et de mouvement

J’ai mis en place des séances par téléphone dès le premier jour du confinement. Je suis donc dans ma troisième semaine de pratique avec cet outil et je me rends compte qu’il a beaucoup d’avantages et qu’il me convient bien. J’ai donc envie de partager avec vous mon expérience d’une trentaine de séances à ce jour.

D’un point de vue pratique, Il est simple à utiliser, ne requiert aucune préparation technique, n’est pas dépendant de la qualité du réseau. Certains associent Skype au cadre professionnel et en cela le téléphone est un outil plus neutre. L’utilisation d’un casque, oreillette ou haut-parleur permet, de plus, la liberté de mouvement.

Dans le déroulement de la séance, je propose plus rapidement un travail corporel que lors des séances à mon cabinet pour éviter une conversation téléphonique plus automatique et je garde plus de temps en fin de séance pour partager sur les ressentis, le vécu et l’exploration possible dans la semaine.

Il a comme avantage de permettre à chaque patient de choisir l’espace où a lieu sa séance, de goûter à la liberté d’en changer s’il le souhaite. Une patiente a choisi par exemple de vivre une séance dans son jardin et cela a été très bon pour elle d’être reliée à la nature. Plusieurs choisissent leur chambre et vivent leur séance allongée dès le début ou en cours de séance. Je leur demande juste de me dire la position choisie pour mieux me relier à eux. J’invite d’autres à s’allonger ou à s’installer confortablement. Une patiente a choisi sa salle de bain car avait besoin de se sentir dans un petit espace confiné sans fenêtre.

Je suis aussi libre de choisir mon espace de travail, de changer si j’en ressens le besoin et de bouger dans ma pièce pendant la séance.

Avant le commencement, Je me relie à la personne et mène la séance souvent les yeux fermés avec quelques contacts sur le réveil pour veiller au cadre. Cela favorise l’installation dans mon espace intérieur et développe mon acuité sur mes ressentis à partir de la tonalité de la voix, de l’énergie de la parole ou du souffle mais aussi de de la durée des silences. J’observe que l’absence de vision me permet progressivement séance après séance de faire plus confiance à mon intuition, à mes autres sens. L’épuisement ressenti au départ est moins marqué à présent même si je sens que la concentration requise me sollicite plus qu’en face à face et que je dois laisser plus de temps entre deux séances.

De plus, j’observe que la relation par téléphone rend plus autonomes mes patients dans la mise en place de leur séance, dans leur prise de parole ou de silence, dans leur rythme. J’utilise principalement comme outil la végétothérapie, les RED, la visualisation ce qui rend aussi le patient plus acteur. Il me semble donc de façon générale que je leur laisse plus de place pour prendre leur. part et leur responsabilité même si bien sûr je les accompagne et je reste garante du cadre. Je me laisse guider par ce qui est là pour eux. Cela me pousse à un sacré lâcher prise et m’apporte cette confiance renouvelée que le corps sait.

Intensité des séances

Je suis surprise aussi comme d’autres sur l’intensité des séances. Le contexte actuel de confinement met en exergue des éléments intéressants du processus du patient. Il m’apparait, en effet, que la situation vécue et ressentie par le patient permet souvent un état des lieux visible de sa vérité intérieure. Cela donne de la matière à accueillir, à comprendre et à transformer.

En cette période, les thèmes de l’espace et du temps sont très présents. La période est propice, en effet, pour explorer des problématiques qui touchent les limites, la liberté, l’envahissement, ses enfermements, la notion du temps : passé, présent, futur les différents espaces de sa vie (professionnel, familial, social, intime…), ses envies, ses contraintes. Il peut aussi relier à la matrice…

Il permet de questionner aussi chez certains la solitude et la qualité de la relation avec soi, ses. proches mais aussi sa place dans le monde…

Je trouve donc passionnant d’accompagner les patients qui le souhaitent dans cette traversée. Je note que l’alliance thérapeutique est suffisamment établie avec ceux qui ont accepté cette proposition, environ la moitié, indépendamment de la date du démarrage de leur thérapie. Cela me donne donc au passage des éléments supplémentaires sur la nature et le stade de la relation de chacun avec moi. Je constate que cela a renforcé l’engagement de certains et la valeur du travail
thérapeutique.

Pour ma part, je me sens enrichie par cette période qui me fait sortir de ma zone de confort et m’invite à me relier encore un peu plus à l’essentiel : la qualité de présence.

Cécile DENIS

1 Comment

  1. CHEYLUS BOUVET Emmanuelle

    Merci Cécile Pour ce chouette partage ! Ton témoignage est très inspirant pour moi.. Et ouvre d’autres champs de possibles dans les accompagnements que je propose actuellement via skype.. ça me donne à réfléchir sur ma pratique.. ça ouvre à la créativité.. et je trouve ce temps singulier extrêmement formateur pour chacun de nous.. ça ouvre à vivre l’approche biodynamique pleinement.. en développant davantage notre intuition, la qualité de Présence dans l’instant.. la confiance en nos ressentis.. pour nous laisser guider dans ces espaces d’accompagnements nouveaux à réinventer.. J’adore !!!